Le quotidien

Un matin comme un autre place des terreaux. La nuit perdure et les habitudes aussi. Les cafés bondées par les clients avant de se rendre à leur travail respectif. Les fumeurs dehors, au froid, sous la pluie, agglutinés comme des moutons pour se tenir chaud. A proximité d'eux, un homme assis sortant tout droit d'une vieille pub Malboro. Jeans, manteau, chaussures de randonnée, approchant la quarantaine. Casper patiente sous la pluie en jouant avec un briquet.
Il vaut mieux être au froid qu'avoir son cul sur le bûcher, je suppose.

Il surveillait la masse d'humain en espérant voir apparaître l'objet de son attente rapidement car tous ces fumeurs l'énervent.
Ils ne profitent même pas dans leur cigarette à fond, trois taffes et ils rentrent en courant. Et dans 5 minutes ils sont à nouveau dehors... Ah, voilà mon rayon de soleil.
Une femme fendit la foule d'un pas décidé. Petit tailleur anthracite, manteau noir par dessus,de longs cheveux châtains détachés tout juste humide. Un visage fin, un petit nez retroussé, des yeux gris en amande, des lèvres pleines.
Une jugulaire et une carotide à tomber raide mais, aujourd'hui, masqué par un foulard...Dommage

"Bonjour ma belle.
_ Salut Casper.
_ Tu as une mine affreuse, on voit que le soleil te manque.
_ Très spirituel. Tu ne voudrais pas rentrer dans le café au lieu de dire des sottises ?
_ Les fumeurs, c'est dehors. Mais tu peux prendre ma place pendant que je récupère une autre chaise.
_ C'est bien parce que je ne reste pas longtemps."
Elle pris la place plus ou moins sec de Casper pendant que celui-ci plaça une nouvelle chaise à proximité.
"Tu permets que je te prennes par l'épaule, que je puisse te murmurer des mots doux à l'oreille."
Casper joignit le geste à la parole et l'attrapa par l'épaule.
"Tu ne profiterais pas de la situation ?
_ Allons... C'est juste pour communiquer en toute intimité. Mais il est vrai que ton parfum est plutôt entêtant. Dommage que tu sois si... couverte."
Le couple se regarda les yeux dans les yeux pendant quelques secondes et chacun sourit à l'autre. Petit jeu ? Désirs ? Confiance en soi ? Confiance en l'autre ? Nul ne savait mais ils y prenaient un plaisir certain.
Finalement Casper souffla "Mais revenons aux affaires. Que se passe t il ?
_ Un Malkavien a eu la grande idée d'aller voir un psychologue.
_ Tiens donc ?
_ Il lui a raconté pas mal de choses. Heureusement il a cru qu'il se foutait de sa gueule ou il l'a pris pour un fou.
_ Ce n'est pas le cas ?
_ On ne sait pas trop ce qu'il lui a raconté mais ce sont les flics qu'ils l'ont récupéré. Et nous par la suite... On avait laissé le psychologue tranquille mais depuis quelques temps il semble s'être lancé dans des recherches. On l'a vu à plusieurs reprises à la bibliothèque.
_ Au final ?
_ Essaye de découvrir ce qu'il sait et si il s'en sait trop, fais le disparaître.
_ D'accord, mon général. Nom ? Adresse ?
_ Tiens, voilà sa photo avec son nom et son adresse derrière."
Casper regarda brièvement la photographie et les informations à son dos avant de la ranger dans une poche intérieure.
"Merci. Je dois te tenir au courant ?
_ Non, ce n'est pas nécessaire. Je dois y aller.
_ Un petit baiser avant de se quitter ?
_ En rêve seulement." Répondit-elle avec un grand sourire.
"Vivement cette nuit alors." Si seulement c'était possible...

Casper la regarda disparaître dans la foule avant de pénétrer dans le café et se poser au comptoir.
"Patron, est-ce que vous auriez un annuaire et un téléphone à me prêter ?"
Le serveur, qui devait encore porter ses dents de laits, le dévisagea.
"Vous avez consommé ?
_ Pas encore. Jusqu'à présent j'étais dehors avec les fumeurs..."
A ce moment là, Casper vit surgir un homme dans le café qui écrasa sa cigarette dans le cendrier proche de lui. Puis le client se dirigea ensuite aux toilettes.
Casper se retourna vers le serveur :
"Mais je vais arranger ça ! Mettez moi un café avec le téléphone."
Casper suivit le client et entra dans les toilettes juste derrière lui. Deux pissotières, un cabinet, le tout encore propre en cette heure matinale. Le client alla à une pissotière, Casper à l'autre tout en dévisageant ouvertement son voisin. Décontenancé, celui-ci referma sa braguette et prit la direction de la cabine. Alors qu'il arrivait sur le seuil de la porte, Casper le poussa violemment.
"Que... Qu'est ce que vous faites ?
_ Moi ? Je consomme !"
Casper planta alors ses crocs dans le coup de sa proie. Il ne prit qu'une petite partie de son sang ce dernier n'étant pas vraiment à son goût. Surtout après avoir senti le parfum de la miss quelques minutes plus tôt. La victime s'écroula sur les wc pendant que Casper referma la porte.
A son retour, au comptoir il trouva sa commande ainsi que l'annuaire et le téléphone. Après une rapide recherche, il entendit la voix de son gibier.
"Allô ?
_ Allô ? Monsieur Marian ?
_ Oui
_ Yann Poret à l'appareil ! Je vous contacte pour prendre rendez vous.
_ Attendez quelques instants... Je peux vous rencontrer après-demain si vous voulez. 10H ?
_ Je préférai en fin d'après-midi si c'est possible.
_ 18H ?
_ Parfait !
_ Vous avez un numéro où je peux vous joindre en cas de problèmes.
_ Non, non, je n'ai pas accès à tel luxe mais nous pourrons en parler plus longuement dans deux jours.
_ D'accord... Je vous souhaite une bonne journée.
_ Au revoir."
Deux jours pour surveiller sa proie et découvrir d'éventuelles informations, c'est grandement suffisant.
"Patron !"
Le jeunot se planta devant lui l'air maussade.
"Merci pour le téléphone. Par contre, je crois que vous avez un client qui est en train de vomir dans vos toilettes."
Le serveur lâcha sa serviette en jurant et parti vers les toilettes laissant à Casper tout le loisir de disparaître du café.

Hmm... Je suis curieux de la suite, je te ferais une répartition globale des PX à la fin. En tout cas ça s'annonce bien.
Il y a quelques noms qui me semble curieusement familiers cependant... ;-)

Casper prit la direction du Psychologue et traversa le pont Morand. Il vivait à proximité du croisement rue de Vendôme et rue Crillon. La pluie c'était transformé en crachin lors du trajet et si Casper n'avait pas été trempé par l'averse précédente, il l'aurait apprécié.

Il se retrouva face à une rangée de vieil immeuble de cinq étages, la plupart ayant une porte d'entrée en bois massif avec interphone sur le côté. Des gouttières marquant les limites entre chaque immeuble. L'aération des caves étant à 30cm au-dessus du sol, le 1er étage se retrouvait propulsé à une hauteur de 4m. N'étant guère un spécialiste du crochetage de serrure, Casper n'avait d'autres choix que de jouer les funambules pour pénétrer chez le psychologue si il décidait de s'y introduire la nuit. D'ailleurs ce n'était pas de l'ascension en elle même dont il avait peur mais de la descente. Le tout était de savoir maintenant où habitait Marian. Il lui semblait d'après l'annuaire que son habitation soit en même temps son cabinet, ce qui simplifierait sa tâche. A moins qu'il ne loge au dernier...

Après avoir observé l'immeuble quelques minutes, Casper se plaça contre un battant de la porte d'entrée et attendit ainsi. Il faisait face à deux immeubles de conception plus récente. Le premier, vu l'état de délabrement, devait avoir une trentaine d'année et était constitué de quatre étages. le second devait avoir une dizaine d'année grand maximum et abritait en ses deux étages des cabinets de dentiste et kinésithérapeute. Le premier l'intéressait fortement car l'appartement au rez-de-chaussée semblait inoccupé. Bien que nous étions en pleine matinée, les volets étaient fermés et aucune lumière ne filtrait, à la différence des étages supérieurs qui eux respiraient l'agitation. Il y avait là la possibilité d'avoir une planque pour la journée, à l'abri et donnant sur la porte d'entrée de l'immeuble.

Alors qu'il était dans ses pensées, une quinquagénaire se posa devant lui, le fixant en silence. Elle avait une coupe au carré, des cheveux châtains grisonnants, des pattes d'oie au coin de ses yeux marrons et les lèvres pincées. Elle portait un blouson en cuir, ouvert sur une chemise blanche accompagnée d'une jupe à carreaux beige et noire. Des bottes et des collants noirs complétaient sa tenue. Elle aurait porté des couleurs plus vives, elle aurait été vulgaire mais là, elle avait énormément de charme. Voilà une femme qui savait s'habiller et se mettre en valeur.
La femme formula finalement un bonjour auquel répondit Casper.
"Bonjour Madame !
_ Vous êtes nouveau dans l'immeuble ?
_ Désolé, je n'ai guère les moyens de vivre dans un tel immeuble.
_ Pendant un instant, j'ai pensé que vous étiez un nouvel occupant et que vous attendiez que quelqu'un vienne vous prendre en voiture. Quel Dommage... Un peu de sang frais aurait fait du bien.
_ Votre raisonnement n'est pas complètement faux. Seulement c'est moi qui suis dans le rôle de l'accompagnateur.
_ Vous êtes trempé ! Vous devez attendre depuis un moment.
_ Ça doit faire qu'une dizaine de minutes au maximum. Ne trouvant pas de place pour me garer dans le quartier, je suis allé au parking des terreaux. J'ai été surpris par une averse au moment de traverser le pont.
_ J'espère pour vous que vous trouverez rapidement un endroit sec pour vous réchauffer et vous séchez."
La femme ouvrit alors la porte d'entrée.
Casper en profita pour mettre fin à la discussion
"Je l'espère aussi. Bonne journée Madame.
_ Merci, à vous aussi." répondit elle en lâchant la porte.

Casper glissa alors légèrement son pied gauche pour empêcher la porte de se fermer complètement et resta bien cinq minutes avant de pénétrer dans les lieux.
Il atterrit dans une petite cour intérieure avec à sa droite ce qui semblait être le local à poubelles, et sur sa gauche, les boites aux lettres puis les escaliers menant aux étages supérieurs. Commença alors l'ascension qui l'amena sur le pallier du Docteur Marian...
Côté rue, mais au troisième étage.

Sympa la quinqua du 6ème... On ne connaît pas le même Lyon lol

Jules Marian, psychologue, cabinet ouvert de 10H à 12H et de 15H à 20H.
Quelle joie d'être son propre patron et de choisir ses horaires. A vue de nez, ce sont les fenêtres de gauche qui donne sur son appartement.
Casper fit demi-tour et descendit les escaliers en un éclair. Aucune envie de se retrouver nez à nez avec un patient ou la voisine croisée plus tôt.
Il traversa la rue et commença à observer la façade.
L'ascension se fera avec l'aide des deux gouttières. Atteindre le premier étage serait simple, une poubelle et c'est bon. Pas besoin d'un effort physique important. Une pause grâce au fronton de la porte et le petit rebord de l'immeuble voisin. Atteindre le deuxième étage sera beaucoup plus physique et il n'y aura pas beaucoup de place sur les rebords pour les pieds. Au troisième, physiquement ce sera dur.
Comme dirait Roger "Je suis trop vieux pour ses conneries". Avec du matériel d'escalade, je serais passé par le toit et descendu en rappel... D'ailleurs pourquoi je me fais chier ?

Casper d'un pas soutenu pris la direction du centre commercial de la part-dieu. Alors qu'il arrivait à l'angle de la rue Garibaldi et de la rue Servient, un homme en costard cravate le percuta en le dépassant. Il courrait après le tram, et finalement s'écroula d'un coup au milieu de la rue provoquant l'arrêt de la circulation et un attroupement.
Casper se mêla à la foule et commença à lancer
"Excusez moi je suis médecin. Laissez moi passez s'il vous plaît !"
L'homme agité de spasmes souffrait atrocement.
"Que quelqu'un m'aide à lui enlever sa veste et sa chemise." Un employé de la JCDecaux lâcha son vélo pour aider Casper à dévêtir l'individu qui commença à tâter le corps du patient.
"J'espère que les secours vont arriver rapidement. Il semblerait qu'il souffre d'une hémorragie au niveau des côtes gauches."
Des sirènes retentirent rapidement attirant le regard des quidams, Casper sentant que l'attention des spectateurs étaient fixés sur l'apparition de l'ambulance en profita pour subtiliser le portefeuille se trouvant dans la veste puis se fondre dans la foule.
Voilà un plan qui pourrait marcher mais la matinée étant bien avancée, je n'ai pas le temps de m'absenter aussi longtemps et surtout trop de gens verraient mon visage.

Casper n'avait pas bouger d'un centimètre et se tenait toujours face à l'immeuble. Il décida de voir si l'appartement derrière lui était bien inoccupé. Il pénétra dans le hall et frappa à la porte d'entrée. Aucune réaction. Il passa au niveau au-dessus et sonna. Silence. Un coup d'œil à droite, à gauche, personne. Soudain un coup de pied parti à hauteur de poignée, trois pas en arrière et avec l'élan Casper déclencha un coup beaucoup plus violent. Il devait faire vite, ce n'était pas le bruit qu'il craignait mais l'arrivée inopiné d'un importun. Il prit finalement le maximum d'élan possible et se jeta contre la porte. Les verrous lâchèrent prises simultanément, la porte filant dans le mur et Casper au sol, l'épaule droite meurtrie. La douleur ne durerait pas et c'est bien pour ça qu'il s'était jeté, mais il ne le ferait pas tous les jours pour autant. Il se releva et ferma la porte. Le verrou du haut avait bien sauté mais pour celui de la poignée c'était l'encadrement en bois qui avait volé en éclats. Casper se retrouva dans l'obscurité. L'appartement puait le renfermé et il en fit rapidement le tour. Vide de tout locataire depuis au moment, il devait à l'origine être prévu pour un éventuel concierge. Quelques meubles encastrés dans le mur, une table et trois chaises pliantes en bois traînaient. Il plaça la table ainsi que deux des chaises contre la porte d'entrée, ça ne bloquerait pas celle-ci me retarderait toutes personnes essayant d'entrer. La dernière chaise se retrouva devant la fenêtre qu'il ouvrit puis entrebâilla les volets.
Il attendrait ainsi une éventuelle sortie de Marian.