-Bois !
-Non c’est dégoutant
-Ne fais pas l’enfant, tu sais que tu es obligée. Je sais que tu en as envie. Ravale ta morale et bois ce sang !
Ces mots, Gloria les connais par cœur. Elle y repense à chaque fois qu’elle va se nourrir de sang de mortel. Au début, elle ne voulait pas, même si de son temps d’humaine elle était une fille difficile, elle n’irait jamais jusqu’à faire des choses gores. Mais le temps passe, la soif non. Son instinct lui a dit de boire ce sang et elle s’est exécutée. C’est la meilleure chose qu’elle ait gouté dans sa vie. Dans sa vie de vampire du moins. Gloria repense toujours à ce dialogue, elle se rend compte à quel point elle avait été idiote de se laisser tenter. Heureusement que Venus était là pour la forcer, la guider plutôt à sa nouvelle vie. Sans elle, elle aurait croupie au fond des égouts, ou pire encore.
Venus a été très gentille avec Gloria, elle l’a pris sous son aile, l’a aidé à se sortir de son état de coma très profond après son agression. Au prix de sa vie, mais elle est toujours vivante. C’est compliqué la vie de vampire quand on parle de vie et de mort.
Gloria travaille au club de strip-tease de Venus dans le 1er arrondissement. Elle est une très bonne danseuse et beaucoup de gens la demande car elle est très jolie et très bien foutue. Pour l’aider à se contrôler, Venus la fit travailler avec elle juste à côté. C’est très difficile pour un nouveau né de ne pas se laisser tenter par les mortels, leur sauter dessus pour se nourrir. A force de rester avec elle, Gloria appris à se maitriser. C’est la seule fille vampire de la boite, à part Venus, et aucune autre fille ne doit le savoir. C’est pour cela qu’elle n’est pas très proche des autres danseuses. Au début elle restait dans son coin avec Venus et elle ne voulait pas parler aux autres de peur de leur faire du mal inutilement.
C’était le début, maintenant ça change. Venus estime que Gloria arrive suffisamment à se maitriser pour ne plus l’avoir dans les pattes. Elle a fait un essai en faisant une danse privée avec deux hommes, et tout s’est bien passé. Elle reçut même un gros pourboire en plus de son salaire mensuel. Gloria pouvait maintenant avoir sa liberté. Vénus la laissa trouver un logement seule. Elle le trouva vite et pas très loin de son lieu de travail. Elle l’équipa sommairement, elle n’y allait que pour dormir le jour de toute façon.
Un jour, pendant que Gloria faisait son show sur le podium, Vénus l’appela à la rejoindre au bar. Elle y alla provoquant au passage la frustration des hommes qui n’avaient pas vu tout ce qu’ils voulaient. Venus était avec un homme, vampire lui aussi, mais très beau et très bien habillé.
-Damien, dit Venus, voici Gloria. Ma meilleure fille, je suis sûre que c’est celle qu’il vous faut.
Damien la regardait de haut en bas, puis de bas en haut pendant un long moment. Il la regardait bien à moitié dévêtue.
-Effectivement Venus, elle est parfaite je te remercie
Avant de s’en aller, Venus chuchota à Gloria
-C’est un bon ami, il nous donne beaucoup d’argent, tu feras tout ce qu’il te dira sans broncher c’est d’accord ?
Gloria acquiesça. Elle avait sa petite idée sur le service demandée. C’est malheureusement ce genre de choses qui arrive quand on fait ce genre de métier : les heures supplémentaires en privé.
-Bonjour Gloria, je me présente, Damien Narciaux. J’ai demandé un service à Venus et elle m’a dit que tu serais parfaite, et j’en suis convaincu.
-Enchantée. Ravie de vous rendre ce service. Où voulez-vous qu’on se mette ?
-Restons ici ça sera très bien
-Devant tout le monde ? Désolée de vous le dire mais le club doit garder sa bonne réputation…
-Haha !! Il doit y avoir un petit malentendu. Je ne suis pas là pour vous demander vos services, je suis là car j’ai besoin de quelqu’un pour m’accompagner à un vernissage. J’ai beaucoup de monde à impressionner et je me dois d’être accompagné d’une jolie fille. De plus, Venus m’a dit que vous vous y connaissiez un peu dans l’art. Vous pourrez surement discuter avec des gens, vous ne passerez pas que pour une jolie fille qui m’accompagne.
Cela surpris Gloria. Elle ne s’attendait pas du tout à ce genre de proposition. Plutôt que de passer la nuit seule avec cet homme, elle doit l’accompagner à un vernissage. C’est super, voir des œuvres d’art, accompagnée d’un beau jeune homme, son sourire devient naturel et non plus forcé.
-Oh j’en serais ravie !!!
-J’en étais sûr. Allez vous habiller, nous devons y être dans 30 minutes.
Gloria lui rendit son sourire et se dépêcha de monter à l’étage pour enfiler une robe de soirée noire. Avec sa chevelure blonde, le contraste est parfait et la rend très joli. Elle redescendit dans le club, Damien n’avait pas bougé, il regardait les hommes et les danseuses d’un air indifférent. Quand il la vit, il lui fit un grand sourire et un baise main. Sans un mot ils sortirent tous les deux du club sous les sifflets des autres hommes de la boite qui voyait partir la plus belle fille de la boite au milieu de la fête.
-Nous n’allons pas loin, nous allons à l’opéra. Beaucoup d’expositions en ce moment.
-Oui, je n’ai pas beaucoup de temps pour y aller, mais j’en trouve toujours pour aller y faire un tour. Même quelques instants.
-Voir de l’art, même quelques instants est une chose très noble.
-Pourquoi avez-vous besoin de moi plus exactement ?
-Mon client veut absolument vendre ses tableaux à des vieux milliardaires. Il pense que des jolies filles dans l’assemblée, qui les persuade d’acheter, sera très bénéfique pour lui. Il m’a demandé de l’aide, je l’ai demandé à Venus qui vous a envoyé.
-Et j’en suis très flattée.
Arrivés à l’opéra, beaucoup de monde les regardait. Gloria était vraiment très sexy et se sentir observée, même reluquée la fit sourire. Damien pourtant avait perdu son sourire en entrant. Il fronçait les sourcils et avait l’air inquiet.
-Restez sur vos gardes, j’ai l’impression que quelques personnes ne nous veulent pas que du bien.
Gloria ne fit pas très attention à cette remarque. Elle aimait être observée de cette façon. Beaucoup d’hommes lui disaient bonjour de loin. Elle prend plaisir à cette situation car dès qu’un homme viendra vers elle en lui disant que l’art il s’en fout, il préfère la regarder elle, elle se fera une joie de l’embobiner sur l’art et qu’elle n’aimait que les hommes cultivés. Comme beaucoup ne sont là uniquement pour vendre et acheter, ce genre d’hommes est très rare dans ce genre de milieux. Ceux qui le sont, sont plus intéressés par les tableaux que par les filles autour, du coup, ils ne viennent pas lui parler.
Gloria passa beaucoup de temps à observer les œuvres. Tellement de temps qu’elle avait complètement oublié Damien. Ce n’est qu’après avoir fait 5 fois le tour de tous les tableaux qu’elle le chercha. Il lui avait demandé de l’accompagner, au final elle l’avait laissé seul. Se rappelant du service qu’elle lui devait elle le cherchait dans toute l’assemblée. A cette heure, tous les convives sont autour du buffet, les vampires s’en éloignent pour ne pas avoir à manger ou se faire inviter à déguster tel ou tel petit four. Mais en cherchant bien, aucune trace de Damien. Il avait tout simplement disparu. Personne ne semblait s’en être rendu compte. Il était peut-être déjà parti, mais pas aussi vite. Quand elle se dirigea vers la sortie, elle croisa deux mortels qui riaient à cœur joie. Elle n’y fit pas attention jusqu’à ce qu’elle entende « il est en bas, on le tient. Allons lui dire deux mots »
Gloria remarqua que sous leur veste, une bosse se faisait voir au niveau de la poche. Son instinct lui dit d’essayer de voir ce que c’était. Et par un jeu de distance et d’angle de vue, elle vit un pistolet, rangé dans le pantalon au niveau de la hanche.
Ce qu’ils tiennent, ce n’est sûrement pas un rat. Damien a disparu, il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour comprendre que c’est Damien qui est en bas.
Elle les suivit à distance. Entre plusieurs couloirs et plusieurs escaliers, les deux hommes descendaient de plus en plus profond dans le sol. Plus de bureaux ou de cave à cet endroit là. Ce sont des endroits glauques, sales, humides. Gloria pensa que le directeur lui-même de l’opéra ne devait pas connaître cet endroit.
Les deux hommes disparurent de sa vue. C’était pourtant un très long couloir, elle devrait les voir. Personne. Au bout du couloir, une pièce plus éclairée que les autres. Il semblait y avoir quelqu’un à l’intérieur. En se rapprochant, elle pu voir Damien, ligoté sur une croix géante, bâillonné et dans un piteux état. Il semblait avoir les yeux crevés et beaucoup de sang était par terre. Elle s’empressa de lui enlever son bâillon et elle commença à lui enlever ses liens
-Non Gloria, c’est un piège, fichez le camp.
Elle entendit un rire et la porte derrière elle se referma. Un homme, mortel, vêtu d’une grande soutane noire et portant une croix chrétienne autour du coup la menaça avec une arbalète. Il était grand, une carrure imposante, dégarni comme un moine. Ses yeux noirs la transpercèrent et il avait un sourire malsain aux lèvres. Avant que la porte ne se referme totalement, elle pu voir derrière les deux hommes qu’elle suivait depuis tout à l’heure avec un grand sourire et exposant bien leur arme.
-Eh bien, j’ai cru que vous ne viendrais jamais. Je commençais à m’ennuyer et à me lasser de torturer votre petit ami
-Vous m’attendiez ?
-Oui. Cet idiot qui est là s’est fait très vite embobiné. Mes deux assistants l’ont persuadé de venir voir une pièce très rare dans les sous-sols. Grâce à Dieu il les a suivis. Mais j’ai entendu dire qu’il était venu avec une vampiresse. Je pensais que vous l’aviez vu descendre et que vous l’auriez suivi mais trop absorbé par ces croutes à l’étage, vous ne vous en êtes même pas rendu compte.
Gloria le laissa parler. Elle était dans un sale pétrin, il lui fallait du temps pour trouver une solution et s’enfuir.
-Ma patience a des limites et je n’ai pas pu résister à l’envie de m’amuser avec votre petit ami. Il aura fallu que j’envoie mes deux hommes vous chercher pour finir mon petit jeu
-Je croyais que votre religion vous interdisait de faire du mal à votre prochain ?
-Petite idiote. Vous êtes des créatures du diable, je dois vous renvoyer en enfer dans les flammes éternelles. Puisse Dieu m’en rendre grâce.
A la fin de la phrase, le curé appuya sur la gâchette de son arbalète. Gloria avait senti le coup venir et elle esquiva le projectile qui atteignit Damien en plein cœur. Dans un râle puissant, il se consuma instantanément et ne devint pu qu’un tas de centre en bas de la croix. Elle savait que le curé mettrait du temps à recharger son arbalète, elle savait aussi qu’il ne devait pas être aussi stupide et qu’il devait avoir une autre arme sur lui. C’était effectivement le cas, après avoir tiré son coup, le curé jeta son arme et souleva sa soutane pour prendre son automatique. Gloria profita de ses deux secondes de répit pour se jeter sur lui et l’empêcher de prendre son arme. Ce ne fut pas aisé car il était très fort pour un mortel. Elle réussit quand même à l’empêcher de la viser avec son arme en lui maintenant le poignet. Elle le força à vider son chargeur au plafond. Au bout de quelques coup de feu, il réussit à reprendre le dessus et à la faire voler de l’autre côté de la pièce. Elle senti une très grande douleur dans son dos, elle a atterri sur des morceaux de métal dans un coin. Le curé visa alors la tête de Gloria avec son arme et appuya sur la gâchette. Mais aucun projectile ne sorti, le chargeur était vide.
Le curé, fou de rage, se jeta alors sur Gloria qui jonchait sur le sol. Reflexe de survie peut-être, elle essaya d’esquiver son arrivée en roulant sur le côté. C’était peine perdu, elle ne bougea que de quelques centimètres. Néanmoins, par une chance extraordinaire cela suffit. Le fait qu’elle se déplace bougea sa jambe de quelques centimètres aussi. Suffisamment pour que le curé trébuche dessus et tomba lui aussi, juste à côté d’elle. A ce moment là, Gloria vit une tige métallique assez longue et assez pointue. Elle usa de ses dernières forces et prit la tige métallique et le plus rapidement possible lui enfonça dans le dos sur la colonne vertébrale. Le curé hurla à plein poumons. Il se raidit totalement, elle avait surement réussi à le paralyser. Il n’avait pu que ses bras qui bougeait, mais il était désarmé. Gloria prit alors un autre objet métallique et l’assomma de toutes les forces qui lui restait. Une marre de sang jonchait le sol, mais le curé ne bougeait plus, il ne respira même plus et elle ne sentait pu son cœur battre. Il était mort.
Soulagé Gloria commença à se relever. L’espoir ne dura que quelques instants. Elle savait que les deux gardes du corps se trouvaient derrière la porte et qu’ils ne tarderaient pas à rentrer pour l’achever. Elle chercha une solution. Elle regarda le curé et vit à sa ceinture, sous la soutane relevé des poches avec des chargeurs de pistolet. Elle en prit alors deux, se releva et alla chercher le pistolet pour le recharger. La seule porte de la pièce était en bois, les deux gardes avaient certainement tout entendu et attendaient qu’elle se montre. Gloria alla se cacher derrière la croix où était Damien quelques instants plus tôt et tira à travers la porte. Elle vida un chargeur entier en espérant qu’elle réussirait à en toucher au moins un. Une fois fait elle rechargea à nouveau et attendit, cachée par la croix, que les deux hommes derrière la porte n’entrent. Elle attendit longtemps, elle essayait de ne pas penser à sa douleur dans le dos. Rien ne bougeait derrière la porte, pas un bruit, pas même le son d’une respiration. Soit ils ont fuit, soit ils sont morts. Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, il fallait sortir.
Gloria se leva, et sans bruit alla vers la porte. Elle l’ouvrit à la volée prête à tirer sur tout ce qui bouge. Mais rien derrière, personne. Quelque chose attira son attention au sol. Les deux hommes étaient là, morts, à quelques centimètres de la porte seulement. Apparemment, ils devaient être l’oreille collée à la porte pour écouter ce qui se passait à l’intérieur quand elle a tiré. Ou alors, ils étaient sur le point d’entrer à l’intérieur quand elle a tiré. Quoi qu’il en soit, ses trois ennemis du soir étaient morts et elle devait à tout pris sortir d’ici avant d’avoir trop d’ennuis.
Gloria courra dans les couloirs et les escaliers. Avant d’arriver dans la salle de vernissage, elle se dit qu’une sortie discrète était surement une meilleure idée. Elle fit quelques pas en arrière et trouva un bureau non fermé à clé avec une fenêtre qui donnait sur la ruelle le long de l’opéra. C’est fou la chance qu’elle a aujourd’hui. Une fois dans la rue, elle retourna au club de Venus. Elle allait avoir une longue discussion avec elle sur les éléments de la soirée.
Mer 4 Nov - 13:08
